Cambremer
de la préhistoire au XXe siècle

(in French only)

Avertissement : ce texte n'est qu'une approche d'un travail de recherche effectué par quelques Cambremériens à l'occasion de XIIIe centenaire de la commune en 1994. Toutes les remarques complémentaires, les possibles corrections ou les suggestions concernant ce document seront accueillies avec plaisir.

HISTOIRE - INDEX  (accès direct en cliquant sur les chapitres)

Chapitre I : De la préhistoire à la fin du VIIe Siècle
Chapitre II : 690 à 750 : Cambremer au XIIIe Siècle
Chapitre III : IXe-Xe Siècle : Les hommes du Nord envahissent le Pays d'Auge
Chapitre IV : XIIe siècle : la Reconstruction
Chapitre V : La guerre de 100 ans
Chapitre VI : Les guerres de Religion
Chapitre VII : Cambremer sous Louis XVI
Chapitre VIII : Après la révolution
Chapitre IX : Le XXe Siècle
Annexe 1 : Bibliographie
Recherches sur la Résidence Épiscopale de Cambremer
(extrait de la thèse de Doctorat de Marie Casset)

 


CHAPITRE I - De la préhistoire à la fin du VIIe siècle

La région de CAMBREMER dont l'existence n'est attestée qu'en 690, était vraisemblablement déjà peuplée au IIIe millénaire avant J-C, comme en témoignent les outils retrouvés dans son sous-sol :

- une pointe de flèche en silex taillé découverte parmi les graviers charriés par le ruisseau qui descend des "Bruyères"

- les haches polies trouvées respectivement par René BISSON à RUMESNIL, Yvon GRANDVAL dans les douves du château de GRANDOUET et plus récemment par Joseph NEUVILLE ainsi que celle de DRUVAL

- la hache en granit vert poli ramassée par l'enfant RAIMBAUT au lieudit "LE NOUVEAU MONDE" semble par contre provenir du massif armoricain et témoigne d'échanges entre les différentes populations de l'époque.

Aucun vestige de l'époque gauloise n'a pu être authentifié. Les terrassements du MONTARGIS pourraient être, selon le chanoine SIMON "un système de défense d'époque Gauloise".

Le nom de CAMBREMER pourrait être d'origine celtique puisqu'on le retrouve au nord du pays de Galles dans le comté de CHESTER.

L'invasion romaine de 58 à 52 avant Jésus-Christ a sans doute bouleversé la région ; la voie romaine qui reliait LISIEUX à VIEUX passait en effet à proximité de CAMBREMER.

A cette période les Ulnelles, commandés par VIRIDOVIX avaient fait prisonniers les envoyés d'un lieutenant de CESAR, puis avaient déclaré la guerre aux romains. Ayant rapidement appris la nouvelle, les lexoviens les plus excités allèrent s'unir aux Ulnelles. Les Gaulois battus par les troupes de QUINTUS TITURIUS SABINUS durent supporter l'occupation romaine. Dans un dernier élan de résistance, on envoya des renforts à VERCINGETORIX et ce fut la défaite d'ALESIA !

De l'époque Gallo-Romaine qui s'ensuivit, de nombreux vestiges ont été retrouvés : tuiles à rebords, fragments de poterie, fondations de murs antiques, colonne en pierre, mais surtout une pièce en bronze à l'effigie de l'Empereur TRAJAN découverte en 1950 et de nombreuses médailles. La fontaine St Clair dont les eaux "légèrement ferrugineuses circulent pendant un quart de lieue au moyen de petits canaux en terre cuite serait "de facture évidemment romaine" (M. GUILMETH).

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CHAPITRE II - 690 à 750
Cambremer au
VIIIe siècle

C'est en 690, sous le règne du "roi fainéant" THIERRY III, fils de CLOVIS, alors que la NEUSTRIE - dont faisait partie notre actuelle Normandie - vient d'être réunifiée avec l'AUSTRASIE par le maire du palais de l'époque : PEPIN DE HERSTAL, que se situe "la plus ancienne mention de CAMBREMER".

Le Comte VANDEMIR et son épouse la Comtesse ERCAMBERTE possédaient en pays lexovien la "VILLA CAMBRIMARO", c'est-à-dire un domaine comprenant une certaine surface de terres cultivées, une maison de maître, les maisons des paysans et une chapelle ou une église (peut-être dédiée à ST DENIS).

C'était des gens très pieux qui comblaient de dons les monastères où ils s'assuraient la prière des moines. Ils avaient choisi leur sépulture dans l'abbaye bénédictine de PRESSY/OISE, près de CHAMBLY (in pago camiliaco) où devaient se trouver leurs terres de prédilection..

Au printemps de l'an 690, le Comte et sa "très douce épouse" firent leur testament et donnèrent CAMBRIMARO à l'Abbaye de PRESSY/OISE :

"Nous donnons au nom de Dieu... à PRESSY au pays de CHAMBLY, à DON MARTIN (ST MARTIN) à qui est le même PRESSY ? là où l'on voit présider le vénérable Abbé FAROULF, là aussi où nous avons préparé nos sépultures ... en présence de ma très douce épouse ERCAMBERTE ... les villas nommées LIEURY dans le pays d'Hyémois (... ) dans le pays Vexin, VILLERS/MER (VILLARE SUPRAMARE) dans le pays lexovien, COURSON (COLZO) dans le pays lexovien, CAMBREMER dans le pays lexovien (CAMBRIMARO IN PAGO LEXUINO).

Afin d'administrer le domaine, l'abbé envoya une petite communauté qui devait y résider. Ils s'installèrent dans la vallée au Nord de CAMBREMER, à proximité d'un cours d'eau, au milieu des bois... Ils créèrent un petit monastère (monasteriolum) qui devait se nommer ensuite "MONSTEROL" puis "MONSTREUIL" et enfin "MONTREUIL". Ils édifièrent ensuite une petite église qu'ils consacrèrent à Notre-Dame. Le monastère fut vraisemblablement détruit au Xème siècle lors de l'invasion par les Normands.

MONTREUIL a gardé quelques vestiges de cette période et notamment on devait découvrir au début de l'année 1890 sur la petite place de l'Eglise, à environ 35 m du cimetière, un cercueil de pierre contenant deux squelettes, l'un d'un homme de forte stature, l'autre d'un enfant. A proximité du cercueil se trouvaient deux plaques de ceinturon en bronze et trois scramasaxes (petits sabres de fer). On pense qu'il s'agissait de bienfaiteurs du monastère...

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CHAPITRE III - IXe - Xe Siècle

Les "HOMMES DU NORD" envahissent le Pays d'Auge

L'époque carolingienne (751-987) a laissé peu de traces dans la région de CAMBREMER. En 820 alors que les premiers vikings apparaissent en baie de Seine, le Diocèse de BAYEUX était administré par l'Evêque FRECULFE.

C'est dans la 2ème moitié du IXe siècle, après avoir à plusieurs reprises ravagé ROUEN et PARIS (841-855) que les Danois envahissent la NEUSTRIE.

En 856, un certain HASTING (HASTEIN ou EYSTEINN) débarque dans les îles GERSEY ET GERNESEY. C'était le plus redouté en terre Franque.

En 858, il se présente à l'embouchure de la DIVES, remonte jusqu'à CHARTRES, pille la cathédrale massacrant l'Evêque et la population qui s'y était réfugiée et regagne ses navires sur la DIVES. La même année EVREUX est dévastée, le monastère de FONTENELLE brûlé une nouvelle fois, BAYEUX ravagée et son Evêque égorgé, celui-ci était peut-être déjà, comme nous le verrons plus loin, baron de CAMBREMER.

Charles le Chauve, roi de la FRANCIA OCCIDENTALIS, fils de CHARLEMAGNE, tenta de chasser l'occupant mais dut se retirer, son frère Louis le Germanique en avait en effet profité pour envahir son royaume.

En 889, les vikings dévastèrent à nouveau la NEUSTRIE, remontèrent sur PARIS où EUDES acheta leur départ. Après avoir redébarqué dans la baie des Veys, ils remontèrent la Vire et assiégèrent ST LO.

Fin du IXe ou début du Xe siècle, apparaît ROLLON qui envahit à nouveau ROUEN ; après la défaite devant CHARTRES en juillet 911, une trêve est signée entre ROLLON et CHARLES LE SIMPLE, accord qui constitue l'acte de naissance de la Normandie, territoire cédé à ROLLON.

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CHAPITRE IV - XIIe siècle - La Reconstruction

En 1015 le Diocèse de BAYEUX est administré par l'Evêque HUGUES. CAMBREMER et sa banlieue (BANLEUCA) étaient situées sur le Diocèse de LISIEUX mais relevaient de l'administration de celui de BAYEUX dont elles formaient une enclave "L'EXEMPTION DE CAMBREMER". L'Evêque de BAYEUX en était le Baron, c'était la "BARONNIE DE CAMBREMER". Ses limites sont ainsi définies par l'Abbé BOURIENNE :

Le lieu de CAMBREMER commençait à la Pierre de HOUSSE MAGNE et s'étendait jusqu'à la rivière de l'ALGOT dont elle suivait le cours jusqu'à son confluent avec la VIE ; de là elle longeait la rive droite de la VIE jusqu'à la DORETTE, puis la DORETTE elle-même jusqu'à ST GILLES DE LIVET (réuni à RUMESNIL en 1840) ensuite elle s'étendait par la maison de Richard GARET jusqu'à la butte de MANERBE ; de là par le milieu de GRATE PANCHE (hameau de MANERBE) jusqu'à la Pierre de HOUSSE MAGNE.

En 1049, ODON DE CONTEVILLE, frère de GUILLAUME LE CONQUERANT succède à HUGUES à la tête de la Baronnie de CAMBREMER.

Vers 1146, Philippe d'HARCOURT, Evêque de BAYEUX propose à ST BERNARD, alors Abbé de CLAIRVAUX, d'échanger un domaine nommé "VAUX DE SOULEUVRE", près de VIRE avec un val plus sauvage et plus vaste : "LE VAL RICHER".

Le 24 juin 1150, l'Abbé THOMAS et ses moines cisterciens de CLAIRVAUX sont transférés au VAL RICHER mais ce n'est que le 21 avril 1220 que l'Eglise abbatiale sera consacrée par Robert d'ABLAGEL, Evêque de BAYEUX. C'est à cette époque (1149) que le domaine du MONTARGIS fut donné par HUGUES de CREVECOEUR et son fils GUILLAUME aux moines bénédictins de THIRON.

En 1151, Henri PLANTAGENEST, fils de GEOFFROI Comte d'Anjou, qui s'était emparé de la Normandie 6 ans plus tôt, confirme la Baronnie de CAMBREMER. Elle comprenait, avec CAMBREMER, 9 paroisses assujetties au service d'ost :

- au Nord GRANDOUET et MONTREUIL

- au Sud ST VIGOR DE CREVECOEUR, ST PAIR et ST LAURENT du MONT

- à l'Est ST OUEN LE PIN, LE PRE D'AUGE et MANERBE.

C'est vers 1188 qu'HENRI II qui avait remplacé ODON de CONTEVILLE en 1165 fit la dédicace de l'Eglise de CAMBREMER :

"Henri par la grâce de Dieu, Evêque de BAYEUX, à tous ceux qui la présente verront, salut en Notre Seigneur.

Nous vous faisons connaître à tous que nous avons fait la dédicace du bienheureux ST DENIS DE CAMBREMER, considérant que comme il convenait à l'occasion de cette consécration d'augmenter ses ressources par la largesse des fidèles,... d'ailleurs par l'amour de Dieu et la considération due au bienheureux martyr DENIS, nous avons donné à ladite Eglise en don perpétuel 22 acres de terre à prendre dans les bruyères de MARCHEANT (super molenainum) ; Robert du Bois, homme d'armes (miles) acquiesçant à nos, salutaires avis lui a aussi donné 2 acres de terre dans le champ GIRARD ; Guillaume TAILLEBOIS, une acre de terre du bois SANSON ; Robert de BLAGNERRE (?) une demi-acre jouxtant la terre de Robert de BEAUVAIS ; Richard DURESCU, une demi-acre aux CAMPEALS ; Hugo PAIN D'ORGE, une demi-acre sur les bruyères etc..." le tout forme la PREBENDE DE CAMBREMER attribuée à un chanoine de BAYEUX.

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CHAPITRE V : La guerre de 100 ans

Le 12 juillet 1346, les Anglais avec à leur tête EDOUARD III accompagné de GODEFROY D'HARCOURT qui lui avait prêté hommage deux ans plus tôt, après avoir été banni par le Roi de France, débarquent à ST VAAST LA HOUGUE...

Le 28 juillet, après avoir pris et pillé CAEN, ils sont dans le Pays d'Auge ; ils franchissent la DIVES au HAM, dévastent RUMESNIL, LEAUPARTIE puis LISIEUX, BRIONNE et remontent la Seine jusqu'en région parisienne.

Après une paix transitoire, le même scénario se reproduit 10 ans plus tard : le Duc de LANCASTRE, fils d'EDOUARD III débarque le 21 juin 1356, toujours à ST VAAST-LA-HOUGUE avec GODEFROY D'HARCOURT à nouveau banni ! Ils traversent ARGENCES, franchissent la DIVES à MERY-CORBON le 28 juin, passent à LISIEUX, le BEC HELOUIN et reviennent par ARGENTAN, THURY et CARENTAN...

L'Abbaye du VAL RICHER devait aussi prendre les armes mais pour une autre raison : en 1385, le Roi de France CHARLES VI décide de nommer ROLAND ANDROUET comme abbé du VAL RICHER à la place de VINCENT DE FOULOGNE, pourtant élu par les moines en toute légitimité. Cette révolte est dirigée par JEAN DE MONTREUIL, écuyer, sergent de CAMBREMER. Finalement, VINCENT DE FOULOGNE sera maintenu et JEAN DE MONTREUIL condamné à 60 livres d'amende pour "avoir fait chastel au Roy".

La guerre reprend lorsque HENRY V d'Angleterre débarque à HARFLEUR le 13 août 1415 et écrase les Français le 25 octobre. Le ler août 1411, il débarque à nouveau et s'empare des forteresses d'AUVILLARS et CREVECOEUR. A MONTREUIL, LEAUPARTIE, HOTOT, BONNEBOSQ, AUVILLARS, ESTREE et LE HAM, les gentilhommes et notables refusent de se soumettre ; leurs biens sont confisqués et confiés aux capitaines anglais ou à des collaborateurs. Le ler mars 1419, les biens temporels du VAL RICHER subissent le même sort

Devant l'envahisseur, les habitants fuient en cachant ce qu'ils ont de plus précieux : en 1879, 131 pièces d'argent (121 du règne de CHARLES VI, 2 de JEAN III Duc de Bourgogne et 8 de JEAN SANS PEUR) ont été retrouvées dans un vase enfoui dans la glaise.

Un petit boulet en fer d'environ 360 g, comme ceux que tiraient les bombardes anglaises, a été trouvé sur le site du MONTARGIS...

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CHAPITRE VI : Les guerres de Religions

En 1537, l'un des chanoines prébendes de CAMBREMER a donné naissance à une légende maintenant célèbre dans la région selon laquelle, chevauchant le Diable, il aurait quitté la cathédrale de BAYEUX au début de la messe de minuit pour chanter l'Epître à ROME et aurait été de retour le lendemain matin, à la fin de l'office de Noël .

Cette caricature du chanoine plus enclin aux plaisirs de la vie qu'au salut des âmes n'est pas sans présager les guerres de religions.

Celles-ci débutent le ler mars 1562 par le massacre des protestants à WASSY par les hommes du duc de GUISE. Le 5 mai LISIEUX est pillée par GUILLAUME DE HAUTEMER, Seigneur de FERVAQUES et par Louis d'ORBEC, Bailly d'EVREUX. Le VAL RICHER dirigé alors par une abbesse : Antoinette de LIBEC (*), va être pillé à son tour par les calvinistes de l'Amiral de COLIGNY.

En 1646, Jean-Baptiste de la PLACE, abbé du VAL RICHER fit appel à son ami de ST NICOLAS DU CHARDONNET, DOM DOMINIQUE GEORGES, pour occuper la cure du PRE D'AUGE.

Il s'attaqua alors à réformer le clergé en organisant notamment en 1650 la "conférence de CAMBREMER". La "confrérie des Saints Anges et de la bonne'mort" fut créé le ler juillet 1686, sans doute en relation avec les confréries de charité qui existaient dès le XVe siècle dans le Diocèse d'EVREUX et qui remontaient peut-être à 1348, époque de la Peste Noire...

*Veuve de HONORAT DE CASTALLAN, Médecin de Catherine de MEDICIS.

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CHAPITRE VII - CAMBREMER sous LOUIS XVI

Au milieu du XVIIIe siècle, CAMBREMER est chef-lieu d'une SERGENTERIE dépendant de l'ELECTION DE PONT L'EVEQUE. Elle comprend 703 feux (foyers) d'environ 5 personnes soit 3 500 habitants répartis sur 189 paroisses. CAMBREMER représente 202 feux soit environ 1000 habitants. "Il y a un marché toutes les semaines et l'Evêque de BAYEUX est Seigneur de ce bourg..."

En 1786, Louis XVI qui rentrait de CHERBOURG à VERSAILLES, passa à NOTRE DAME D'ESTREES. Le carrosse monta péniblement la côte et le Roi eut tout le temps d'apprécier le chant royaliste d'un paysan marchant à ses côtés. Le chanteur futé, après avoir repris sa chanson sur la demande de LOUIS XVI lui proposa de bisser aussi la récompense !

Il s'arrêta ensuite à ST LAURENT DU MONT à l'auberge de maître LECLERC au lieu-dit actuel "Les Trois Rois".

En 1788, après un hiver rigoureux précédé d'une sécheresse estivale sur toute l'Europe, on déplore 26 décès à ST OUEN LE PIN dont 20 nouveau-nés "exposés", c'est-à-dire abandonnés et confiés à des nourrices.

L'année suivante, la même commune enregistra 11 décès d'enfants. Cette année-là, éclata la Révolution. LOUIS THIBAULT DE BOIS DU BAIS, ancien garde du corps du Roi, dans une brochure intitulée mon opinion motivée ou "vœu d'un gentilhomme normand", montra sa fidélité au Roi tout en indiquant les réformes nécessaires... au jugement de LOUIS XVI, il défendit la motion de, l'Appel au peuple, repoussée par ROBESPIERRE et votera pour la mort "avec sursis" mais celui-ci ne sera pas admis !

Le 20 août 1792, le Conseil Général de CAMBREMER réclame l'arrestation de JEAN BAPTISTE DUMONT, curé de CAMBREMER qui avait prêté serment mais s'était rétracté après avoir attaqué celui-ci en chaire ! i1 est alors emmené au château de CAEN puis finalement relâché... En 1794, il est de nouveau arrêté à ST QUENTIN LES CHARDONNETS où il aurait été pendu, près de l'église, à la branche d'un if (ou fusillé ?).

A CAMBREMER, pendant la Terreur, est fondée la "Société populaire" comprenant environ 70 membres et dirigée par un certain "MARAT". Cette bande de "MARATISTES" était chargée de faire arrêter les aristocrates et les prêtres, tout en dévastant les Eglises.

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CHAPITRE VIII – Après la Révolution

Après la mort de LOUIS XVI, les mouvements de CHOUANNERIE se développent peu à peu.

Dans le Pays d'Auge, il faudra attendre la fin de l'année 1795 pour que François-Charles de PHISEMONT, né en 1751 à ST PIERRE DE MAILLOC et ancien maire et juge de paix de cette commune, constitue "l'Armée des chouans catholiques et royalistes de la moyenne Normandie".

Il avait été destitué de ses fonctions et incarcéré à la prison de CAEN d'où il réussit à s'échapper. Avec un compagnon de détention, FRIQUET DE LA MORANDIE, il finit par constituer une troupe de 1 500 hommes avec comme signe distinctif un scapulaire pendu au cou et armés de fusils et de pistolets mais aussi de sabres, d'épées voire de faux

Ils interviennent principalement la nuit, par petits groupes et organisent des "coups-de-mains" et des expéditions punitives.

En mars 1796, 200 chouans sont signalés dans les bois du VAL RICHER. Les Gardes Nationales de LISIEUX, PONT L'EVEQUE et CAMBREMER encerclent le bois mais ils leur échappent, se réfugient dans le manoir de LEAUPARTIE où sortant par derrière, ils leur faussent à nouveau compagnie !

Le calme va revenir avec BONAPARTE qui signe avec le Pape Pie VII le concordat qui rétablit officiellement, le culte catholique en France mais seulement dans quelques paroisses. L’Evêque de BAYEUX, Mgr BRAULT, laissa toutefois les prêtres qui le souhaitaient, exercer leur ministère dans les autres églises...

Il y avait jusqu’à l’an X de la République une cure par canton c’est-à-dire pour notre région CAMBREMER, BEUVRON, BONNEBOSQ.

La cure de CAMBREMER comprenait en 1804 7 succursales : MONTREUIL, VALSEME, RUMESNIL, ST AUBIN-LEBISAY, PONTFOL, LE HAM, et ST OUEN DU MESNIL OGER. Devaient disparaître : LEAUPARTIE, LA CHAPELLE-HAINFRAY, St GILLES DE LIVET, LES GROSEILLIERS - dont l’autel sera transféré à CAMBREMER – CLERMONT, LES AUTHIEUX, BROCOTTES et HERNETOT.

Une circulaire du Ministre DECAZES du 29 juin 1819, propose un statut pour les paroisses où s’était maintenu illégalement le culte.

En 1831, l’Eglise de CAMBREMER devait subir d’importantes transformations le cimetière qui entourait l’église fut transféré pour devenir une place publiques Le maire demanda d’abattre la chapelle nord, dédiée à St Clair, donnant sur cette place. En contre-partie l’église fut allongée de 6,42 m. et un presbytère avec une cave construit de l’autre côté ainsi qu’une sacristie (voir plan).

En 1836, GUIZOT acheta les restes de L’abbaye du VAL RICHER. Il y séjourna souvent et reçut plusieurs personnalités. Député de LISIEUX, il s’opposa au passage du chemin de fer à CAMBREMER.

C’est au VAL RICHER qu’il composa la plus grande partie de son œuvre. La région devait par la suite connaître d’autres hommes de lettres Madame de WITT et Jean SCHLUMBERGER, descendants de GUIZOT et André GIDE élu maire de la ROCQUE BAIGNARD en 1896.

Le XIXE siècle se termina dans la région par d’importants travaux, notamment après 1871 :

Le maire quitta les Locaux de la justice de paix pour s’installer dans une maison à l’emplacement de laquelle a été construite la mairie actuelle.

La gendarmerie fut construite à cette époque en remplacement de la construction qui en faisait office à cet endroit, le Long de la rue.

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CHAPITRE IX - Le XXe Siècle

Au début du XXe siècle, la commune de CAMBREMER (894 habitants) va connaître un essor économique comme le montrent les nombreux commerces installés dans le bourg. On relevait alors 69 commerçants couvrant 38 spécialités !

Chaque événement était l'occasion d'organiser une grande fête tel qu'en septembre 1907 lors du concours agricole.

Au défilé dans les rues décorées, sous les arcs de triomphe succédait un banquet auquel participaient les différentes personnalités.

Pendant la guerre de 1914-1918 la commune devait comme beaucoup d'autres payer un lourd tribut : 42 noms inscrits sur la plaque commémorative de la mairie rappellent le sacrifice de ceux qui sont tombés pour la Patrie.

Au cours de la seconde guerre mondiale, la résistance s'organisa dans la région. Le chanoine LANIER, curé du Pré d'Auge à partir de septembre 1932, ne supportant pas de voir les jeunes partir pour le front se porta volontaire et fut affecté au 43e RA comme aumônier militaire. Blessé grièvement à OTTIGNIES en Belgique, il fut transféré à CAEN au petit séminaire.

Arrêté par les Allemands le 22 mars 1944, il fut emmené à COMPIEGNES puis le 26 juillet 1944 à NEUENGAMME en Allemagne et enfin à DACHAU au Bloc 30 où il retrouva des personnalités du Calvados et Edmond MICHELET.

Libéré en 1945, il arriva en gare de Lisieux, amaigri et malade. Nommé curé de CAMBREMER le 25 mars 1946, décoré par MICHELET de la légion d'honneur au printemps 1950, il devait décéder le 15 juillet 1952 à l'âge de 46 ans

En 1944, le soldat ANGLAIS SILLITOE qui descendait la rue du vieux cimetière fut touché par l'artillerie allemande et sa jeep s'écrasa contre l'un des contreforts de l'Eglise au niveau de l'ancienne chapelle St Clair.

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BIBLIOGRAPHIE

Docteur BUREAU Jean : 
" Louis Thibault du Bois du Bais " (Le Pays d’Auge -Février63)
" Le Prieuré du Montargis " (Le Pays d’Auge -Avril 63)

DUBOIS :
" Histoire de LISIEUX "

LALUBIE :
 " Randonnée en Pays d’Auge - Canton de CAMBREMER ".

PELLERIN Henri :
 " L’architecture romane en Pays d’Auge " (le Pays d’Auge)

RAULT Fernand :
" Notice historique sur le canton de CAMBREMER " (même le Pays d’Auge)
" Troubles de 1792 dans la région de CAMBREMER " (le Pays d’Auge)

Chanoine G.A. SIMON :
" Cambremer Gallo-romain " (la Bonne semence N° 357)
" La région de CAMBREMER " à la période Gallo-romaine (La Bonne semence 1934 – N° 405)
" La plus ancienne mention de CAMBREMER " (La Bonne semence - N° 356)
" CAMBREMER et MONTREUIL au VIIE siècle " (La Bonne semence -Janvier 1951 N° 469 et N° 471)
" Une campagne de construction dans la région de CAMBREMER aux Xle et XIIe siècle " (La Bonne semence N° 474)
" La région de CAMBREMER EN 1764 " (B.S. - Novembre 1953.N°486)
" Nos paroisses au lendemain du Concordat " (La Bonne semence – N°486)
" CAMBREMER et ses environs " (Le Pays d’Auge, Sept.52 - Janv. 53)

VAUTORTE H. :
" La Chouannerie en Pays d’Auge " (Revue le Pays d’Auge) Décembre 1962
" Le Viking en Normandie.

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réalisation et photos : Gilbert Guillotin copyright 1999 - 2002